non-temps
Première apparition dans le Monde Diplomatique en juin 2003 dans l'article « Ce terrible repos qui est celui de la mort sociale », par Pierre Bourdieu.
Exclus du jeu, las d’écrire au Père Noël, d’attendre Godot, de vivre dans ce non-temps où il n’arrive rien, où il n’y a rien à attendre, ces hommes dépossédés de l’illusion vitale d’avoir une fonction ou une mission, d’avoir à être ou à faire quelque chose, peuvent, pour se sentir exister, pour tuer le non-temps, avoir recours à des activités qui, comme le tiercé, le totocalcio et tous les jeux de hasard qui se jouent dans tous les bidonvilles et toutes les favelas du monde, permettent de réintroduire pour un moment, jusqu’à la fin de la partie ou jusqu’au dimanche soir, l’attente, c’est-à-dire le temps finalisé, qui est par soi source de satisfaction.