ratonne

Première apparition dans le Monde Diplomatique en juin 1975 dans l'article L'hostilité et la haine, ici, chaque jour..., par Maurice T. Maschino.

Et tellement vrai, que les pouvoirs publics confirment : si, de temps à autre, il y a bien, par-ci par-là, une petite « flambée » agressive, si, à Marseille, où l’on a le sang chaud, c’est connu, il y a eu, en juillet 1973, une petite poussée de fièvre qui n’a tué, tout compte fait, que vingt et un Nord-Africains, s’il est arrivé qu’à Saint-Etienne on ait trouvé, dans un caniveau, un étudiant algérien assassiné, qu’à Ivry on ait attaqué des passants à coups de chaîne, assommé à Aulnay-sous-Bois un consommateur dahoméen, et qu’à Paris un médecin ait gifflé son ex-infirmière, une Antillaise, venue lui réclamer son dû, ce ne sont là que bavures regrettables et, somme toute, minimes… Bien sûr, tout le monde ne « ratonne » pas, tout le monde ne jette pas à la Seine le premier Portugais rencontré, tout le monde ne lance pas un cocktail Molotov sur un café arabe, ni ne s’amuse à incendier un bidonville – et l’intérieur sait compter ; mais les bons comptes ne font pas toujours les bons amis, et le racisme, tels ces produits identiques offerts sous des emballages différents, ne s’évalue pas seulement au nombre des meurtres commis ; si bien que les décomptes les plus rigoureux ne sont pas nécessairement les plus justes, ni les estimations d’apothicaire, les plus fines.