parternellement
Première apparition dans le Monde Diplomatique en octobre 1984 dans l'article Deux pas vers le goulag, par Claude Julien.
Alors que, après la guerre, tant d’intellectuels se jetaient éperdument dans les bras d’un très vague « socialisme », se proclamaient "marxistes"avec cette superbe confiance du sorcier qui sait, de science certaine, pouvoir maîtriser l’histoire, les cataclysmes et toutes les maladies ; alors qu’ils préparaient leur admirable virage à droite en saluant dévotement tout ce qui venait d’URSS et, parternellement ou avec une pointe de dédain, traitaient d’ « intellectuel progressiste petit-bourgeois » quiconque ne partageait pas leurs engouements et leurs extases ; alors qu’ils avaient réponse à tout et, sans prendre la peine d’ouvrir le moindre dossier, clamaient devant chaque injustice : « le socialisme y pourvoira » alors qu’ils identifiaient ce socialisme à une Jouvence de l’Abbé Soury et le présentaient comme une panacée à la fois pour les couches modestes de la société française et pour les pays qui, difficilement, conquéraient leur indépendance d’autres, sans dogme, mais avec obstination, voulaient plus simplement ces choses vagues mais essentielles qui portent les noms de progrès et de justice, ils les voulaient sans trop oser y croire, tellement ils savaient que ce serait long, difficile, laborieux ; ils se gardaient des mots magiques et des solutions toutes faites, contemplaient sans étonnement et même avec une secrète jubilation les révolutionnaires d’hier qui chaussaient leurs pantoufles pour lire avec délectation les nouveaux philosophes ; et ils éprouvaient quelque complicité avec ce que M.