moudirias

Première apparition dans le Monde Diplomatique en novembre 1977 dans l'article Une révolution essentiellement culturelle ?, par Philippe Leymarie.

C’est donc le dos au mur que les Comores ont abordé la seconde phase de leur existence, dite de « démocratie populaire » (août 1976-juin 1977), qui a été marquée, elle, par des bouleversements importants de la société : – Développement d’un mouvement qui s’est donné pour but de « libérer » » d’une tutelle sociale étouffante les jeunes, les femmes et les paysans pauvres, de réduire les privilèges des notables et de les obliger à abandonner les signes et coutumes s’y rattachant, de purifier une religion islamique asphyxiée par les conventions hiérarchiques et les pratiques superstitieuses ; – Institutionnalisation progressive d’un pouvoir national et de pouvoirs locaux, régionaux, parallèles, constitués par des comités de « jeunes révolutionnaires » ; – Démantèlement total de l’administration héritée de la colonisation, considérée comme « bureaucratique » et « alliée à la féodalité », avec renvoi dans les villages de la plus grande partie du personnel ; – Enfin, mise en place progressive d’une administration souple et décentralisée, à finalité autogestionnaire, au niveau des moudirias (à l’échelon de groupements de trois mille à six mille personnes), des bavous (au niveau d’une sous-préfecture), des willayas (îles), relayée dans la capitale par un noyau léger, construit sur un mode très « opérationnel » : un « comité central des affaires intérieures » (enseignement fondamental et secondaire, santé de base), un « comité central des affaires extérieures » (diplomatie, coopération), et la présidence de la République (centre de planification finances méthodes, défense nationale, comité national de gestion matériel).