mini-guerre

Première apparition dans le Monde Diplomatique en janvier 1996 dans l'article L'Ouest africain rongé par ses abcès régionaux, par Philippe Leymarie.

« Etat-nation ou Etat-tribus », s’interrogeait déjà, en 1988, dans Mauritanie demain, Idoumou Mohamed Lemine, un universitaire mauritanien, aujourd’hui rédacteur en chef de Maghreb-Hebdo, pour qui la question nationale, dans son pays « en perpétuelle naissance », n’est toujours pas réglée : il dénonce, à longueur de colonnes, « la rencontre de deux chauvinismes : arabe, sur fond d’arabisation outrancière [et de balancement perpétuel de la classe dirigeante entre la ligne « baasiste » pro-irakienne et « nassérienne » pro-égyptienne], et négro-africain, en réaction contre l’accaparement du pouvoir par les Maures… » Un terreau politique additionné de récession économique (dépréciation de la monnaie, ajustements, appauvrissement) et de crise écologique (sécheresse, exode rural vers le fleuve au sud, sédentarisation, conflits de terres…), sur lequel ont germé ce qu’on appelle encore pudiquement, à Nouakchott, « les événements » d’avril 1989 : une mini-guerre ethnique, sur le fleuve, de part et d’autre de la frontière avec le Sénégal ; des pogroms symétriques à Dakar et Nouakchott, suivis d’une vague croisée de fuites et d’expulsions, et d’une vaste épuration dans les milieux négro-africains en Mauritanie, notamment au sein de l’armée.