internim

Première apparition dans le Monde Diplomatique en juillet 1991 dans l'article Les camps de relégation, stigmates du totalitarisme albanais, par Marie-Françoise Allain & Xavier Galmiche.

De vieux prêtres catholiques (il en reste une vingtaine dans tout le pays) qui ont enfin pu célébrer la messe de Pâques cette année, après un quart de siècle d’interdiction, évoquent la mémoire de leurs frères codétenus, fusillés ; racontent aussi comment, avant d’être incarcérés, ils avaient réussi pendant des années à se mêler aux visiteurs des hôpitaux, se penchaient sur les malades mourants et leur donnaient l’extrême-onction, en cachette… C’est sans doute parce que le pays est à genoux, pris dans les contradictions de son passage ambigu à la démocratie (1), au bord de la catastrophe économique (et écologique), au bord de l’implosion sociale, que la nuit épaisse se dissipe, lentement : autour de l’un des instruments les plus vicieux du communisme albanais, les internim, ces villages de relégation qui, jusqu’à la fin de l’année 1990, servaient à isoler les éléments de la population considérés comme des « ennemis du socialisme ».