intalleront
Première apparition dans le Monde Diplomatique en juin 1990 dans l'article En France, du désordre établi à l'obsession de l'ordre nouveau, par Christian de Brie.
D’abord, la dramatisation outrancière des menaces qui pèsent sur la société, destinée à stigmatiser les peurs qu’elles suscitent : « Les barbares sont à nos portes », la « peste rouge », le « massacre des innocents » … Dramatisation faisant largement référence à l’irrationnel et aux fantasmes, en particulier sexuels : « La patrie n’est pas un hôtel de passe pour six millions d’immigrés », « demain ils s’intalleront chez vous, mangeront votre soupe, coucheront avec votre femme, votre fils et votre fille » … Vient ensuite la dénonciation des responsables désignés collectivement : les émigrés bien sûr, étrangers non européens, ou les juifs, mais aussi les marxistes, infiltrés dans les syndicats, l’école, l’Eglise… Puis, toujours dramatisés, l’imminence du danger et l’appel au sursaut : « Le peuple joue son destin », « demain, le choix sera être ou ne pas être », il faut « enrayer la destinée fatale » … Enfin, les solutions proposées, simples et comme évidentes : « Interdire la gamelle aux bouches venues de loin » ; « trois millions de chômeurs, c’est trois millions d’immigrés en trop » ; châtier les traîtres, « six balles suffiront pour les demi-traîtres », instaurer un « ordre nouveau » … L’extrême droite pratique en permanence un détournement du langage, dont le résultat, en amplifiant ou dépréciant la signification des faits (le « détail » des chambres à gaz) ou encore en inversant le sens des mots (le « fascisme rouge » ), est de brouiller les références sur lesquelles s’élabore la connaissance et se forgent les opinions (3).