imprésario
Première apparition dans le Monde Diplomatique en juillet 1994 dans l'article Le compte à découvert de Frédéric Chopin, par Jacques-René Doyon.
Et, ce soir-là, dans la chambre de ton hôtel international, inodore et semblable à dix mille autres chambres — après avoir signé dans le hall de cet hôtel quelques dizaines d’autographes et après avoir longuement parlé (dans la salle feutrée et sombre qui jouxte le bar) avec ton imprésario japonais, devant deux whiskies-soda, de tes futurs contrats internationaux dont tu as défendu avec âpreté chaque clause, chaque mot, chaque virgule — au moment de te glisser entre les draps synthétiques d’un lit fabriqué à Taïwan, au moment de t’endormir en écoutant à contre-cœur les gémissements d’un couple qui s’aime dans le lit situé juste au-dessous du tien, en entendant l’eau couler dans une baignoire proche de la cloison, en devinant par-delà le couloir les bruits de sirènes et les coups de feu d’un feuilleton américain (alors que des lumières rouges et vertes en provenance d’une enseigne lumineuse accrochée au gratte-ciel voisin clignotent derrière le rideau de la fenêtre), tu mets les mains sur ta poitrine.
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