eisenstaedt

Première apparition dans le Monde Diplomatique en novembre 1998 dans l'article Le crédit perdu du photojournalisme, par Edgar Roskis.

Au-delà ou en compagnie de récits peut-être exagérés, le lecteur est enfin convié à vérifier le monde, à atteindre par ses yeux des destinations où ses jambes ne le porteront probablement jamais : les colonies et leurs « indigènes », les pyramides du Caire et la Vallée des Rois, la citadelle de Lhassa, la guerre de Crimée, les accidents de chemin de fer, le Nouveau Monde mais aussi les désillusions d’immigrants filtrés à Ellis Island, la violence de propriétaires défendant leurs privilèges et d’Etats agissant au nom de la raison d’Etat, l’exploitation de jeunes enfants, les monstruosités engendrées tant par la nature que par les avancées de l’industrie et du commerce, les déchéances et lâchetés de l’humanité, le visage glaçant de Goebbels capté par l’objectif sans fard d’Alfred Eisenstaedt, qui annonçait ce pire dont on dit volontiers qu’il n’est jamais sûr, mais qui pourtant eut lieu.