effaçèrent

Première apparition dans le Monde Diplomatique en février 1983 dans l'article Paradoxes du nationalisme, par Constantin Jelenski.

Dans son livre The History of Polish Literature (deuxième édition : University of California Press, 1982), un autre résumé de l’histoire, écrit directement en anglais et publié en 1969, et dont il n’existe malheureusement pas de traduction polonaise ni française, Czeslaw Milosz propose : « L’histoire de la Pologne et de sa littérature me semble extravagante et pleine d’incongruités : une nation slave, dont les écrivains ne s’exprimèrent qu’en latin jusqu’à la Renaissance ; un immense Etat qui a tenu tête pendant des siècles aux Teutons, à la Turquie et à Moscou, mais s’effondra littéralement à la fin du dix-huitième siècle à la suite des abus de son système parlementaire, tandis que ses voisins se le sont partagé et l’effaçèrent de la carte de l’Europe pour quelque cent vingt années ; un peuple étonnamment vital, qui sombre souvent dans l’apathie et l’abêtissement et ne fait preuve de ses qualités profondes que dans des circonstances qui auraient écrasé tout autre groupe humain ; un extrême raffinement qui donna lieu à une poésie lyrique comparable à celle de l’Angleterre élisabéthaine, à la fois brillante et ironique, mais toujours menacé par une torpeur d’ivrogne et par un radotage de sacristie ; une tolérance politique et religieuse, acquise dans une Respublica multinationale et multiconfessionnelle avec, à sa tête, un roi élu, mais qui sombre, à la suite de malheurs collectifs, dans un nationalisme morbide ; un pays dont l’allégeance est disputée de nos jours par deux pouvoirs également puissants, le parti communiste et l’Eglise catholique romaine.