décapuchonnées

Première apparition dans le Monde Diplomatique en août 1974 dans l'article Les difficultés économiques encouragent la contestation, par Régis Bergeron.

Douze heures de couvre-feu qui permettaient tous les mauvais coups ; les incendies qui s’allumaient partout dans la nuit tropicale ; les automitrailleuses à chaque carrefour, armes décapuchonnées ; les paras coiffés du béret amarante patrouillant d’un bout à l’autre de la ville ; les chars camouflés sous les frondaisons odorantes, sur la route de Bogor, toute la périphérie de la capitale ; les hordes hurlantes qui chassaient à courre le communiste… Puis Bali, un peu plus tard mais plus durement encore, Bali, la plus ensanglantée sans doute des trois mille îles de la République : fusillés, exécutés sommairement, percés de baïonnettes, décapités, les paisibles petits sculpteurs sur bois, les souriantes ouvrières du batik, les vieux vendeurs de colliers en noix de coco de Denpasar, les éleveurs, si humbles, de coqs de combat, les petits marchands de mangoustans ou de cigarettes aux clous de girofle, les danseurs et les danseuses, tout ce qui était le petit peuple de Bali devenu soudain l’enfer sur la terre, une terre d’Apocalypse.