achkabad

Première apparition dans le Monde Diplomatique en janvier 2001 dans l'article Abécédaire de l'Asie centrale, par Bernard Chambaz.

Le plus vaste est le Karakoum : 500 kilomètres en taxi collectif, par 45 °C à l’ombre s’il y en avait, ça rapproche, mais ça ne rend pas plus bavard, au moins jusqu’à l’arrêt où l’on boit du thé et échange quelques cigarettes et les questions-réponses rituelles, alors commence une conversation sur la valeur des objets, ils veulent connaître les salaires (ils nous envient, bien qu’on ait plutôt calculé à la baisse), le prix d’une voiture, d’une limousine comme si la limousine était une denrée commune, et — dans cette espèce de métamorphose des marchandises au milieu d’un désert jaune et gris et noir et beige quand le vent s’est levé — on demande à notre tour le prix des dents plaquées or (140 francs la dent, on leur dit qu’ils ont de la chance), et la conversation retombe sitôt les premiers signes de verdure apparus, l’approche d’Achkabad, et là, incroyablement, dans un dernier sursaut de la conversation, le paysan qui me fait face commence son petit tour des personnalités françaises par le nom de Michel Camdessus.